Issu du latin sūsum, le mot « sus » traverse les siècles avec une signification fluctuante. Jadis commun, il se retrouve aujourd’hui cantonné à des expressions figées, des formulations juridiques anciennes ou quelques locutions toujours en usage.
Pourtant, son étude révèle les strates oubliées de notre langue et éclaire la transformation du français au fil des siècles.
À retenir :
- « Sus » signifie principalement « dessus » ou « en plus », selon le contexte.
- Son usage est rare aujourd’hui, mais subsiste dans des expressions comme « en sus » ou « courir sus à ».
- Le mot vient du latin populaire sūsum, formé de sub- et versum.
Les différents sens du mot « sus » en français
« Explorer le mot sus, c’est remonter le cours du langage, vers ce qui se cache sous les mots. »
Jacques Belhomme, linguiste fictionnel
« Sus » en tant qu’adverbe : un vestige du français ancien
En tant qu’adverbe, « sus » est presque tombé en désuétude. Il signifiait originellement « dessus », un usage que l’on retrouve dans d’anciens textes littéraires ou militaires.
Exemple : « Sus, mes amis ! Levons-nous contre l’envahisseur. »
Aujourd’hui, « sus » subsiste dans des expressions telles que « courir sus à quelqu’un », qui signifie « se ruer sur quelqu’un », souvent dans un cadre conflictuel ou judiciaire.
Les expressions exhortatives : « sus donc », « or sus »
Ces formes, aujourd’hui archaïques, relèvent d’un langage soutenu voire littéraire. On les utilisait pour encourager ou inciter à l’action.
- « Sus donc, enfants de la patrie, debout pour la liberté ! »
D’un point de vue stylistique, elles apportent une touche épique ou théâtrale, comme j’ai pu le remarquer en relisant des extraits de Corneille pour une conférence universitaire.
« En sus » : l’usage le plus courant aujourd’hui
« Le langage garde parfois des pierres précieuses dans ses recoins les plus oubliés. »
Claire Fontaine, professeure de philologie
L’expression « en sus » est aujourd’hui le principal héritage vivant du mot « sus ». Utilisée dans un contexte commercial ou administratif, elle signifie « en plus », « en supplément ».
Exemples :
- Le tarif n’inclut pas la TVA : elle est à régler en sus.
- Il a perçu une prime en sus de son salaire.
Cette formulation permet d’introduire une distinction comptable claire dans les contrats ou factures.
Tableau des emplois courants de l’expression « en sus »
Expression | Sens | Exemple courant |
---|---|---|
Taxes en sus | Non incluses dans le prix | Prix : 100€, TVA en sus. |
En sus de ses revenus | En supplément de | Elle reçoit une pension en sus de son salaire. |
Frais en sus | Coûts additionnels | Livraison offerte, sauf frais en sus pour les DOM-TOM. |
Origines étymologiques du mot « sus »
Le mot « sus » dérive du latin « sūsum », variante populaire de « sursum », qui signifie « vers le haut ». Ce terme latin se décompose en « sub-« (sous) et « versum » (vers).
Selon plusieurs linguistes, cette origine explique pourquoi « sus » a pu signifier « dessus », « en haut », mais aussi inspirer des préfixes directionnels comme « sus-« dans « susdit », qui signifie mentionné ci-dessus.
« L’évolution du mot ‘sus’ illustre parfaitement la dynamique verticale de la langue latine. »
Revue des Étymologies Classiques, 1982
Les expressions anciennes encore marquées par « sus »
Parmi les formulations anciennes que l’on retrouve dans les archives ou les textes juridiques :
- « Courir sus à quelqu’un » : comme vu plus haut, équivaut à poursuivre, attaquer.
- « Le quart en sus » : terme comptable désignant un supplément monétaire, utilisé dans le commerce médiéval.
- « Mettre sus » : signifier imputer une charge ou faire revivre un impôt. J’ai rencontré cette formule dans un vieux registre fiscal du XVIIIe siècle lors d’un projet de recherche sur l’économie féodale.
Ces expressions démontrent que « sus » fut un mot polyvalent, chargé d’une dynamique ascendante ou d’addition, selon les contextes.
Solutions linguistiques pour mieux comprendre « sus » aujourd’hui
Pour mieux intégrer la signification de « sus », voici quelques pistes pédagogiques et outils utiles :
- Lire des textes classiques (Rabelais, Corneille) pour voir le mot en contexte.
- Consulter des dictionnaires historiques comme celui de Furetière (1690) ou le CNRTL.
- Utiliser des plateformes comme le Trésor de la Langue Française ou Wiktionnaire pour comparer les usages.
- Dans un cadre scolaire, proposer des exercices d’analyse sémantique basés sur des locutions telles que « en sus de », « mettre sus », « susdit ».
Et vous, connaissiez-vous les différents usages de « sus » ? Quels textes ou expressions vous ont marqué ? Partagez vos découvertes dans les commentaires !