Pourquoi de plus en plus d’entreprises quittent les GAFAM pour un cloud 100 % français

By Thomas GROLLEAU

La question de la souveraineté des données est devenue centrale. Longtemps dominé par les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), le marché du cloud connaît aujourd’hui un bouleversement : un nombre croissant d’entreprises françaises et européennes choisissent désormais de se tourner vers des solutions de cloud 100 % françaises.

En cause : des enjeux cruciaux de sécurité, de confidentialité et d’indépendance technologique.

Le poids démesuré des GAFAM et ses limites

Selon un rapport de la CNIL publié en 2024, 90 % des données occidentales transitent par des serveurs appartenant à des entreprises américaines. Ce chiffre montre l’emprise massive des GAFAM sur l’infrastructure numérique mondiale. Une dépendance qui soulève de nombreuses inquiétudes, notamment en matière de confidentialité des données sensibles.

Le principal point de friction concerne le Cloud Act, une loi américaine qui permet aux autorités des États-Unis d’accéder aux données stockées par des entreprises américaines, y compris celles situées hors du territoire national. Pour les entreprises françaises, cela pose un problème majeur : comment garantir la confidentialité des données de leurs clients, collaborateurs ou partenaires, si ces informations peuvent potentiellement être consultées par un gouvernement étranger ?

C’est dans ce contexte que le concept de cloud souverain prend tout son sens. Il s’agit de solutions d’hébergement de données situées en France, opérées par des entreprises françaises et soumises uniquement au droit français. Ces infrastructures permettent de reprendre le contrôle sur les données, tout en répondant aux exigences du RGPD.

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Une réponse à la quête d’indépendance numérique

En quittant les GAFAM, les entreprises françaises cherchent avant tout à reprendre la maîtrise de leurs données stratégiques. C’est particulièrement vrai dans des secteurs sensibles comme la santé, la finance, la défense ou encore l’administration publique. De plus, avec la montée des cyberattaques, le choix d’un cloud national permet de renforcer les mécanismes de protection et de réaction face aux menaces.

Les récentes directives européennes, notamment le Digital Markets Act et le Data Governance Act, encouragent également cette dynamique en promouvant une plus grande transparence et une meilleure gestion des données. Ces textes favorisent l’émergence d’acteurs alternatifs capables d’offrir des services compétitifs sans dépendre des géants américains.

Un écosystème français en pleine croissance

Face à cette demande croissante, les solutions de cloud français se multiplient. Ces acteurs misent sur la transparence, la proximité et la conformité, autant d’atouts qui séduisent les entreprises soucieuses de protéger leurs actifs numériques. En choisissant un prestataire national, elles bénéficient également d’une meilleure réactivité et d’un support local.

Cette tendance est soutenue par les pouvoirs publics. L’État français a lancé plusieurs initiatives, comme le label « SecNumCloud » de l’ANSSI, qui garantit un haut niveau de sécurité pour les services de cloud. Ce label est devenu un véritable gage de confiance pour les entreprises souhaitant sécuriser leurs données sensibles. Il s’inscrit dans une stratégie nationale plus large visant à structurer un écosystème cloud résilient, compétitif et aligné sur les valeurs européennes.

Une démarche éthique et stratégique

Au-delà des aspects techniques, quitter les GAFAM pour un cloud français relève aussi d’un choix éthique et politique. Il s’agit pour de nombreuses entreprises de soutenir un écosystème local, de favoriser l’innovation en France et de participer à la construction d’un numérique plus responsable.

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Cela permet également de se différencier en matière de communication. Afficher un engagement pour la souveraineté numérique et la protection des données est un levier de confiance fort auprès des clients, partenaires et institutions. C’est aussi un argument commercial de plus en plus valorisé dans les appels d’offres, notamment dans les secteurs publics et réglementés. En adoptant une telle démarche, les entreprises renforcent leur image de marque et affirment leur responsabilité sociétale dans le numérique.

Vers un avenir numérique plus autonome

La transition vers un cloud 100 % français s’inscrit dans une dynamique plus large de réappropriation des outils numériques. Si les GAFAM continuent de dominer le marché, leur hégémonie est de plus en plus contestée. Grâce à la montée en puissance des acteurs locaux, soutenus par une prise de conscience collective, les entreprises disposent aujourd’hui d’alternatives crédibles, performantes et sécurisées.

Cette évolution marque un tournant stratégique pour la souveraineté technologique de l’Europe. Elle ouvre la voie à une meilleure maîtrise des chaînes de valeur numériques, depuis l’infrastructure jusqu’aux applications. À terme, cela pourrait favoriser l’émergence de champions européens capables de rivaliser à l’échelle mondiale. Pour y parvenir, la coopération entre États, entreprises et institutions sera essentielle afin de bâtir une infrastructure numérique solide, éthique et durable.

En optant pour un cloud souverain, elles contribuent activement à la construction d’un numérique européen plus libre, plus éthique et plus durable. Ce choix particulièrement stratégique participe à la réduction des dépendances technologiques et à la valorisation des expertises locales. Il incarne une vision d’avenir fondée sur la confiance, la résilience et l’innovation au service de tous.

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